Les centres-villes, déjà en crise avant le COVID-19, ont été touchés de plein fouet par la pandémie. Fermeture des commerces non-essentiels, annulation des spectacles et animations, couvre-feux… Les centres-villes, cœurs de cette animation urbaine, ont été désertés. Est-ce réaliste d’espérer un retour à « l’avant-COVID » ? Comment relancer la dynamique, notamment commerciale ? Comment rendre les centres-villes plus résilients ? Voici nos conseils.
La crise sanitaire a profité à certains commerces, mais surtout nui à beaucoup d’autres. Y aura-t-il moins de magasins après la crise ? C’est possible. Est-ce grave ? Oui et non. Nous ne plaidons ni pour la prolifération irréfléchie d’enseignes, ni pour le maintien en vie artificiel de commerces sur le déclin.
En revanche, nous sommes convaincus que le commerce joue un rôle de proximité et de lien essentiel. En France, des études l’ont bien illustré en corrélant manque de dynamisme commercial et dégradation du lien social. En d’autres termes, une ville sans commerce conduit à un repli sur soi. C’est pourquoi nous y accordons tant d’importance chez UPcity.
Voici comment nous envisageons la relance économique et commerciale de votre ville ou commune.
1) Prenez soin de l’écosystème dont fait partie le commerce
Les multiples composantes de cet écosystème créent la dynamique d’un centre-ville : commerce, services, tourisme, culture, évènements, habitants, entreprises, patrimoine, cadre de vie, etc.
Toutes ces composantes sont interdépendantes. Miser sur la redynamisation du commerce ne sert donc à rien si, d’autre part, on n’investit pas dans les autres aspects.
Le marketing territorial ne fonctionne pas s’il se limite à une démarche du haut vers le bas (top- down) ; cela nuit à la crédibilité du projet et à l’adhésion des parties prenantes – en particulier les habitants. L’Alsace l’a bien compris, en collaborant dans son marketing territorial avec plus de 4.200 de ses citoyens, à travers un blog et les réseaux sociaux.
En France, le plan national Action cœur de ville semble intégrer cette vision holistique, puisque celui-ci prévoit des investissements – à répartir selon les priorités des villes – dans des domaines aussi diversifiés que la réhabilitation-restructuration de l’habitat en centre-ville, la mobilité, la mise en valeur de l’espace public et du patrimoine, etc. Les pouvoirs publics ont également lancé un programme similaire pour améliorer les conditions de vie des habitants des petites communes et des territoires alentour : Petites villes de demain.
Ce qui semble de plus en plus acquis, c’est la nécessité d’élargir l’espace pour les piétons et les vélos. Là aussi, la crise du COVID-19 a eu un effet accélérateur, avec la mise en place rapide de nouveaux aménagements destinés aux piétons et aux cyclistes, au détriment de la voiture. En Belgique, une enquête menée par l’institut Vias en décembre 2020 indiquait que près de 2 Belges sur 3 sont favorables à ces nouveaux aménagements.
2) Jouez sur les complémentarités centre-ville – périphérie
Une question qui revient régulièrement sur la table : les centres-villes doivent-ils encore être vus comme des lieux privilégiés de commerce ?
Pour nous, la réponse est : oui ! Mais pas le même commerce qu’en périphérie. Car au jeu de la compétition directe, la périphérie gagnera toujours, avec :
- La possibilité d’avoir de plus grandes surfaces ;
- Des coûts locatifs moins élevés ;
- Une meilleure accessibilité en voiture et des parkings gratuits (argument qui reste important pour les achats essentiels/pratiques).
L’expérience de shopping est et doit être différente dans un centre-ville et dans un shopping center. C’est pourquoi nous ne rejetons pas en bloc les projets en périphérie ; nous nous opposons aux projets périphériques inadaptés, qui fragilisent la structure commerciale existante.
3) Misez sur une mixité des fonctions et des publics
Tout comme la nature déteste la monoculture, il n’y a rien de plus stérile qu’un centre-ville découpé en zones monofonctionnelles dédiées soit à l’habitat, soit aux bureaux, aux commerces, etc.
La mixité fonctionnelle renforce grandement la résilience de vos centres-villes. C’est pourquoi nous sommes enthousiastes de voir émerger toujours plus de projets dans cette philosophie.
Des projets comme CityCampus, à Anderlecht (Bruxelles), forment un parfait exemple de cette approche : le site combine des logements – sociaux et pour étudiants – et des ateliers destinés à des activités industrielles légères.
Nous rêvons d’un monde où la Ville du quart d’heure, avec ses écoles, services, commerces et lieux de travail accessibles en 15 minutes maximum (à pied ou à vélo), ne soit plus une utopie mais la règle.
4) Investissez dans la transition numérique pour aider le retail
Depuis le début de cette crise, on a vu des commerçants réussir à limiter les dégâts, voire à tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, des commerces qui ont su innover et jouer sur la convergence des canaux online-offline.
Même les petits commerçants peuvent développer une offre omnicanale, en proposant la vente à emporter, les livraisons à domicile ou encore le « click and collect ». Attention cependant aux mauvais choix stratégiques. Le rôle des pouvoirs publics peut être ici d’accompagner les commerçants dans leur transition numérique, en les aidant à déterminer leur offre et à choisir leurs canaux de communication.
5) Appuyez-vous sur des bases scientifiques
Avant de prévoir des mesures, il faut établir un diagnostic. Celui-ci se basera sur des chiffres, des enquêtes qui peuvent être réalisées à l’échelle d’un bassin de vie ou d’une commune, pour identifier les besoins, comportements et tendances.
Quelques exemples :
- les enquêtes de StatBel (Belgique) sur les budgets des ménages
- les enquêtes MOVE du SEGEFA (Université de Liège)
- Les bases de données Locatus (Bénélux)
- les enquêtes BDCOM, à Paris : effectuées tous les 3 ans depuis 2000, ces enquêtes contribuent à comprendre les tendances de long terme pour le commerce parisien et à suivre les évolutions à très petite échelle. On peut notamment vérifier quels types de commerces montent en puissance, et quels autres périclitent.
6) Élaborez vos plans en concertation
Bien souvent, l’échec de projets résulte d’une approche trop top-down ; alors pensez bottom-up ! Concertation, cocréation, intelligence collective… Le rôle des pouvoirs publics est ici d’agir comme catalyseur de ce dynamisme.
Un bel exemple ? La ville d’Arras qui, en mobilisant les différentes parties prenantes, a réussi à faire passer la vacance commerciale de 22 % en 2016 à 9 % en 2020. Notamment en croisant la dynamique commerciale et la réhabilitation des logements du centre, en accompagnant propriétaires et commerçants et en attirant des porteurs de projets commerciaux. La méthodologie de travail est basée sur un dialogue permanent.
Conclusions
Le coronavirus a été une gifle pour les villes, et ce dans le monde entier. Les plus pessimistes prévoient même un mouvement d’exode urbain, se basant notamment sur la popularité nouvelle du télétravail. Or, les chiffres prouvent que finalement, la plupart des télétravailleurs rêvent de revenir régulièrement au bureau. Et si la pandémie a longtemps privé les villes de leurs principaux atouts – la culture, la restauration, le divertissement, le shopping plaisir… – cet effet-là est lui aussi temporaire.
En revanche, ce que cette crise nous apprend une fois de plus, c’est à quel point l’enjeu de rendre nos villes plus ‘vivables’ est capital, si on veut préserver leur attractivité.
UPcity ne croit pas en la mort des centres-villes. Mais nous ne nous attendons pas à revenir à une situation d’avant-COVID, d’avant l’e-commerce. Quels atouts seront recherchés dans un centre-ville dans le monde post-COVID ? C’est en fonction des réponses à cette question qu’il faudra repenser les centres-villes et leurs commerces.
Dès aujourd’hui, préparez le « déconfinement » de votre centre-ville, en vous appuyant sur les bons leviers, avec l’ensemble des acteurs concernés.
UPcity travaille activement à la relance des territoires et peut vous aider à construire un centre-ville plus résilient, qui répond aux besoins de demain.
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